of the sea
of the sea I know only reflections
the surface,
not the abysses
nor ocean vents nor sulfide volcanoes
the geography of sea caves
carpeted by
prawns
oceanic moles standing ready
for threats
nor the faults,
oceanic ridges or sharks
the swelling of waves
the pull of currents and winds
abyssal plains
that I measure in dream
my dreams are exploratory instruments
underwater gliders slipping under the surface
obsolete and dangerous bathyscaphes,
Alvins and chancy nautili
of the sea I know
only the tricks of thought
that take over forms
and play with their sex
the imitators of wrasse and moray eels
quivering eukaryotes
shivering columns, black smokers
swarming with life
improbable oasis without light
of the sea of the sea
I know only reflections
sparkling yachts
on the quays of Brest and on the Caribbean horizon
metal prows and taut rigging
putrefying algae that floats
crazy-lady hair under the floating docks at night
and your hand in my hand
of the sea of the sea
from the sea to the sea
from our black lungs improbable oases where
angels and fish assume their sex
of the sea I know only
Martian abysses where cadavers dive
seeking
the hand of an angel
I know only gilliatt
and the melancholic strength
of the imagined man to the hypnotic impotence
of the sea by the sea
gilliatt soaked gilliatt swallowed
under the territorial waters of the metropolis
20,000 sunken submarines lie
*
engineers and nonsense
today I will speak
of chasms, fiefdoms of fish
I don't believe in the moon, in fanciful stars
I believe in frivolous matter
in cartesian divers
I believe in submersibles, in automobiles
in the dust storms of the far west
in the grids of brest,
vestibules of light
in all hypnotic experiences
that make our brains a nest of nonsense
I believe in chasms, fiefdoms of fish
I believe in the messages of futile lies
in the grace of whirling dervishes,
in dance
I believe in the change from mud to clay
in the lucid miracles of the blackbird's song
in the scent of honeysuckle, always and again
the scent of honeysuckle,
in the unrehearsed sun
that plays on gypsy strings
I believe in endings, in death, in grief
in dreams of mad engineers
in flats more than sharps
I believe in the impermanence of souls
and in the rains of July
in the interlaced lasso of effort and desire
I believe in chasms, fiefdoms of fish
*
The Queen Mary
I read books that frighten and capsize me
my eyes raised to the Queen Mary
I am among the onlookers on the quay
stranger
to the dream of embarking
I don't write for the gulls
the ocean liner alone is
a technological dream; under the charm of the giant
I stay on the quay; its foghorns sound
and vie
with the wind
steady on my hips
I try to live without smoke
in my sternum, a tear
that topples me
in an insipid liquid
stunned by ammonia
I'll die asphyxiated
there where I erred
and bravely tried to live
the worlds to come
are no longer ours
and the secret lives of our children
grow, there, their brows and muzzles
their sicknesses accompany them
no joy is natural for me,
lurking under my bed
the orange joy resists
I flush it out, it growls low
joy claws and struggles
my brain is scattered
in my ocean liner-body
I breathe through the anus think through the pleura and
color through emptiness
I don't write for the gulls
My thoughts are ventriloquists
I will die of a tear of the pleura
breathing in water, air, insects
weeds and pollen,
on my lips a poem,
the prayer of a pagan
de la mer
de la mer je ne connais que les images
la surface
ni les abysses
ni les cheminées ni les volcans sulfures
la géographie des cavernes
où se tapissent
les langoustines
taupes océaniques à l'affût
des menaces
ni les failles,
les grandes dorsales ni les squales
le gonflement des vagues
la poussée des courants et des vents
les plaines abyssales
que je mesure en songe
mes rêves sont les instruments exploratoires,
gliders glissant sous les surfaces
bathyscaphes obsolètes et périlleux,
alvins et nautiles aléatoires
de la mer je ne connais
que les ruses des pensées
qui usurpent les formes
et se jouent de leurs sexes
les imitateurs des labres et des murènes
les eucaryotes fourmillants
des colonnes frémissantes, fumeurs noirs
grouillant de vie,
improbables oasis sans lumières
de la mer de la mer
je ne connais que les images
les yachts scintillants
des quais de Brest et de l'horizon caraïbe
les proues de métal et les cordages tendus
les algues pourrissantes qui flottent
chevelures de folles sous les pontons de nuits
et ta main dans ma main
de la mer de la mer
de la mer à la mer
de nos poumons noirs oasis improbables
où anges et poissons usurpent leurs sexes
de la mer je ne connais que
les abysses martiens où les cadavres plongent
à la recherche
d'une main d'ange
je ne connais que gilliat
et la mélancholique force
de l'homme rêvé à l'impuissance hypnotique
de la mer de la mer
gilliatt absorbé gilliatt englouti
sous les eaux territoriales du métropole
20,000 sous-marines épaves gisent
*
ingénieurs et fariboles
aujourd'hui je vais prendre la parole
pour dire les gouffres, apanage des poissons
je ne crois pas à la lune aux astres chimériques
je crois en la matière frivole
aux ludions atomiques
je crois aux submersibles, aux automobiles
à la poussière roulante du far-west
aux quadrillages de brest,
vestibules de lumière
à toutes les expériences hypnotiques
qui font du cerveau un nid de fariboles
je crois aux gouffres, apanage des poissons
je crois aux messages des mensonges futiles
à la grâce des derviches-tourneurs
à la danse
je crois au passage à la boue à la glaise
aux miracles limpides du chant des merles
à l'odeur du chèvre-feuille toujours et encore
l'odeur du chèvre-feuille,
à l'impromptu du soleil
qui joue sur des cordes tziganes
je crois à la fin, à la mort, aux chagrins
aux rêves des ingénieurs fous
au bémol plus qu'au dièse
je crois à l'impermanence des âmes
et aux pluies de juillet
à l'entrelaçant lasso des efforts et des désirs
je crois aux gouffres, apanage des poissons
*
le Queen-Mary
je lis des livres qui m'effraient et me chavirent
les yeux levés sur le Queen Mary
je fais partie des badauds à quai
étrangère
au rêve de s'embarquer
je n'écris pas pour les mouettes
le paquebot à lui seul est un rêve
technologique; sous le charme du géant
je reste à quai; ses sirènes mugissent
et rivalisent
avec le vent
calée entre mes hanches
je tente de vivre sans fumée
au sternum, une déchirure
par laquelle je bascule
dans un liquide insipide
étourdie d'ammoniaque
je vais mourir asphyxiée
par là où j'ai pêché
et bravement tenté de vivre
les mondes à venir
ne sont déjà plus les nôtres
et les vies secrètes de nos enfants
y poussent leur front et leur mufle
leurs maladies les accompagnent
nulle joie ne m'est naturelle
tapie sous mon lit
la joie orange résiste
je la débusque elle feule
la joie griffe et se débat
mon cerveau s'éparpille
dans mon corps-paquebot
je respire par l'anus pense par la plèvre et
colorise par le vide
je n'écris pas pour les mouettes
j'ai la pensée ventriloque
je vais mourir d'une déchirure à la plèvre
aspirant les eaux, l'air, les insectes
les mauvaises herbes et le pollen,
à mes lèvres un poème
prière de païen