So that you doubt our origins even more
we offer you bodies for salvation-of-mankind factories
without ablutions
of bodies tranquil on the sand the placement offices
tan-hided bodies
tubercular history
we others dogs traitors
we others with paleolithic brains squinty eyes thermonuclear livers
bodies with wooden tablets where it’s written
that underdevelopment is our congenital disease
then sir
then ma’am
then thank you
without forgetting our endless procession of yellow teeth
and the haze
our blood
half blood half tree
bodies fed on locusts and camel piss
we are not
even epileptic
in the caves of your Platos
or Scheherazade’s stories
not in your statistics about different cultures
diseases
curable with a mouthful of little ruin
not
in your balance sheets your frenetic reports on the great
inhuman certainties
or medals
or jade cities against
our repression
our purulent stigmata
our matrices barking in the wind
not in your treaties on the biology of petrified man
even though we have
our fratricidal wars
and though
we dream of planets
of alleys of arched suns at the center of the earth
(we know mental alienation and speak
of dead civilizations sacked)
and we grant you
at the foot of heroin ramparts
tetanus
wars of the stomach and of jackals
to satisfy your calculating mind about
the Rome and Vietnam files
your necrophagous pilgrims’ eyeglasses on the ramparts
of Marrakech
our rumors of a demented caravan-eating crowd
our shantytowns sun on sun and djinns
with matches
the bogeymen of our brotherhoods—ah, with oranges
and siba rifles
ah ma’am me set up not steal not me sir have
a good year good health—
tiny women with little green stars
on their foreheads
the whole pernicious legend of our diaphragms
all the agony of blood in a vertigo of phony mosques
and revolt
our bodies
saddled with
tornadoes
to conjure your bodies section hibernation
of a little neurosis of sand ourselves
without kasbahs or idioms not Mediterranean insanity
not
memorizing
rerooting in memory
that cave
that shithole
that death
running the alleys feet and arms tattooed chewing gum
toothbrushes
with heaps of phosphate factories heaps of books heaps of king
and never-ending conversation
in heaps
of artificial dens for drinking tea beautifully earned
sesame sticks
and to your health the colorful
crowd that changes course but not weapon
and that will change your rattraps
all along
old unconditional murder that would have given us
a whole paradise of whims stacked
on our spines for the price of a revolver but then
heaps of medinas
full of poppies to the point of making
our bones the vestiges of peerless cities
the bird
the bird
and the bird thieves
barbarian
the bird as our peregrinations from one tree to another
to the tree of violence that passes
through our bodies
and your teats mistresses of blood your breasts
we don’t love the covertly snickering city the bloodsucking
city or its nomadic eras
and the nicknames of the sun
this fucked up sun that never stops whirling
and that we’ll
chase away with stones
we others
with kettledrums on serpents’ nests to
fraternize with blood
recover memory in an orgasm of moons
like the calm camels who hit us on the chest
with their spurting blood
(bleed camel from your delirious neck
we want
tankards of frothy blood
clots as big as a fist to make
trips hailing the desert turned fish
keep bleeding camel bleed bleed
projects for roses
as long as the roses have Dadès dusks
in this blood we want
the eye
the sword
in this blood to knead the wind’s nape
assault its breasts and pursue
the crowd all the way to its windpipe
keep bleeding camel bleed bleed)
we’ll still grant you
conspiracies in plain sight of our sex
and to complete your catalogue of superstitions
hands
cut off
dislocated
streets beheaded where we pressed
all possible humanities against our terrorist breasts
streets
filled with the bellows of heifers flogged with writing
Pour que vous doubtiez encore plus de nos origins
nous vous proposons des corps pour les usines-
salut-de-l’humanité
sans ablutions
des corps tranquilles sur le sable les bureaux de
placements
des corps tannés
l’histoire tuberculeuse
nous autres les chiens les perfides
nous autres au cerveau paléolithique les yeux bigles
le foie thermonucléaire
des corps avec des tablettes en bois où il est écrit
que le sous-developpement est notre maladie congénitale
puis monsieur
puis madame
puis merci
sans oublier notre interminable procession de dents
jaunes
et les vappes
notre sang moitié sang moitié arbre
des corps nourris de sauterelles et de pisse de
chamelle
nous ne sommes pas
même épileptiques
dans les grottes de vos Platon
ni dans les contes de Shahrazade
pas dans vos statistiques sur la culture des peuples
les maladies
guérissables par bouchée de petite ruine
pas
dans vos bilans vos rapports frénétiques sur les
grandes et inhumaines certitudes
ni les médailles
ni les cites de jade contre
nos refoulements
nos stigmates purulents
nos matrices aboyant sous le vent
pas dans vos traités sur la biologie de l’homme
pétrifié
bien que nous ayons
nos guerres fratricides
et que
nous rêvions de planets
de ruelles d’arcades de soleils au centre de la terre
(nous connaissons l’aliénation mentale et parlons de
civilisations crevées mises à sac)
que nous vous accordions
au pied des murailles et murailles d’héroïne
les tétanos
les guerres d’estomac et de chacal
pour satisfaire votre esprit calculé sur les dossiers
de Rome et du Viet-Nam
vos lunettes de pèlerins nécrophages sur les remparts
de Marrakech
nos rumeurs de foule démente mangeuse de caravanes
nos bidonvilles soleil sur soleil et djinns avec des
allumettes
les épouvantails de nos fraternités – ah avec des
oranges des fusils de siba
ah moi madame arrange vole pas moi monsieur
bonne année bonne santé –
de toutes petites femmes avec de petites étoiles
vertes sur le front
toute la légende pernicieuse de nos diaphragmes
toutes les affres du sang dans un vertige de mosquées-
bidon et le fronds
nos corps
affublés
de tornades
pour conjurer vos corps tronçon hibernation
d’une petite névrose de sable nous-mêmes
sans kasbah ni idiomes pas méditerranée-démence
pas
mémoriser
réenraciner la mémoire
cette grotte
cette chiotte
cette mort
courant les ruelles pieds et bras tatoués chewingum
brosses à dents
avec des tas d’usines de phosphate des tas de livres
des tas de roi et ça n’en finit pas de converser
dans
des tas d’antres artificiels pour boire un thé
magnifiquement mérité brindilles sésame
et
à ta santé la foule
bariolée qui changes de cap mais pas de lance
et qui changeras tout le long
de tes pièges à rats
vieux meurtre inconditionnel qui nous aurais donné
contre un revolver tout un paradis de lubies
empilé sur nos échines mais alors
des tas de médinas
pleines de coquelicots jusqu’à faire de nos ossements
des vestiges de cités incomparables
l’oiseau
l’oiseau
et les voleurs d’oiseaux
barbare
l’oiseau comme nos pérégrinations d’un arbre
l’autre jusqu’à l’arbre de violence qui nous passe
par le corps
et vos mamelles maîtresses du sang vos mamelles
nous n’aimons pas la ville riant sous cape la ville
sangsue non plus ses ères de nomadismes et les
sobriquets du soleil
ce malfoutu soleil qui n’en finit pas de tournoyer
et qu’on
chassera à coups de pierre
nous autres
de timbales sur des nids de serpents pour
fraterniser avec le sang
recouvrer la mémoire dans un orgasme de lunes
commes ces chameaux tranquilles qui nous envoient
leur saignées sur la poitrine
(saigne chameau de ton cou délirant
nous voulons
des chopes de sang qui écume
des caillots gros comme le poing accomplir
des voyages hélant le désert devenu poisson
saigne encore chameau saigne saigne
des cités pour les roses
tandis que les roses ont des crépuscules de Dadès
nous voulons dans ce sang
l’œil
l’épée
dans ce sang pétrir la nuque du vent
violenter des seins et poursuivre
la foule jusque dans ta trachée artère
saigne chameau encore encore)
nous vous accorderons encore
des conspirations à la barbe de notre sexe
et pour compléter votre catalogue de superstitions
des mains
coupées
désarticulées
des rues tête tranchée où nous avons pressé
toutes les humanités possibles contre nos poitrines
terroristes
des rues
pleines de cris de génisses flagellées d’écritures